La chirurgie de la poitrine, notamment l’augmentation mammaire par prothèses, est l’une des interventions les plus pratiquées en chirurgie esthétique. En 2025, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a actualisé ses recommandations concernant les prothèses mammaires, avec pour objectif d’améliorer la sécurité des patientes et la traçabilité des dispositifs. Voici ce qu’il faut retenir de ces nouvelles directives.
Un contexte de vigilance renforcée
Depuis plusieurs années, les implants mammaires font l’objet d’une surveillance accrue par les autorités de santé. Cette vigilance découle notamment :
- des controverses autour du lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) associé à certains implants texturés,
- de préoccupations liées à la durabilité des implants et à leur impact sur la santé à long terme,
- et d’une volonté de mieux informer les patientes sur les risques et le suivi post-opératoire.
Face à ces enjeux, l’ANSM a publié en 2025 une mise à jour de ses recommandations à destination des chirurgiens plasticiens, des fabricants, et des femmes envisageant une chirurgie de la poitrine.
Interdiction confirmée des implants macrotexturés et recouverts de polyuréthane
L’une des mesures phares est la confirmation de l’interdiction de plusieurs types de prothèses mammaires :
- Les implants macrotexturés, dont la surface est fortement rugueuse, sont définitivement interdits en raison de leur lien avec le LAGC.
- Les implants recouverts de polyuréthane, également concernés par des suspicions de réactions inflammatoires et de complications à long terme, restent bannis du marché français.
Ces mesures visent à éliminer les produits les plus à risque tout en encourageant l’usage de prothèses plus sûres, à surface lisse ou microtexturée.
Obligation d'information renforcée pour les patientes
L’ANSM insiste en 2025 sur l’importance de la transparence de l’information. Désormais, toute femme souhaitant une augmentation ou une reconstruction mammaire par prothèses doit recevoir :
- Une fiche d’information standardisée, rédigée par l’ANSM, expliquant les bénéfices, les risques (formation de coque, rupture, infection…), les alternatives (lipofilling, ne rien faire), et les modalités de suivi.
- Un consentement éclairé spécifique, à signer avant l’intervention, attestant qu’elle a bien compris les enjeux de l’opération et du suivi à long terme.
Cette mesure renforce la place de la patiente dans le processus décisionnel et répond aux exigences d’un choix éclairé.
Suivi post-opératoire rigoureux
Autre axe majeur des recommandations : le suivi post-opératoire à long terme. L’ANSM rappelle qu’un implant mammaire n’est pas un dispositif à vie. En 2025, il est recommandé :
- De consulter tous les 1 à 2 ans un chirurgien plasticien pour vérifier l’intégrité des implants.
- De réaliser une échographie mammaire ou une IRM tous les 5 à 10 ans pour détecter d’éventuelles ruptures silencieuses.
- De remplacer les implants environ tous les 10 à 15 ans, selon l’évolution individuelle.
Ce protocole s’adresse aussi bien aux patientes ayant eu une chirurgie de la poitrine esthétique qu’à celles ayant bénéficié d’une reconstruction après cancer.
Renforcement de la traçabilité des dispositifs
L’ANSM impose également une traçabilité stricte des prothèses mammaires utilisées. Chaque chirurgien est tenu :
- De déclarer l’implant posé dans une base de données nationale,
- De remettre à la patiente une carte d’implant contenant la marque, le modèle, le numéro de lot et la date de pose,
- De conserver ces informations pendant au moins 15 ans dans le dossier médical.
Cela permet, en cas de problème ou de rappel de lot, de contacter immédiatement les patientes concernées.
Enregistrement obligatoire dans le registre national des implants
La France a désormais mis en place un registre national des implants mammaires, en lien avec l’ANSM. Ce registre, obligatoire depuis 2023, devient pleinement opérationnel en 2025 :
- Il collecte de façon anonyme les données sur les types d’implants posés, les indications médicales, les complications éventuelles et les interventions de remplacement.
- Il permet d’analyser les tendances, d’identifier les implants problématiques, et de mieux informer les patientes sur les risques selon les modèles choisis.
Vers une meilleure sécurité et une chirurgie de la poitrine plus encadrée
Ces mesures témoignent de la volonté de l’ANSM de faire de la chirurgie de la poitrine un acte encore plus sécurisé, éthique et transparent. En 2025, il ne s’agit plus simplement d’une intervention esthétique : il s’agit d’un acte médical encadré, intégrant pleinement les dernières données scientifiques et les exigences de sécurité sanitaire.
Les prothèses mammaires sont désormais mieux suivies, mieux tracées, et intégrées dans un parcours de soins responsable. Le rôle du chirurgien plasticien est crucial : il doit informer, guider, et assurer le suivi personnalisé de chaque patiente, tout en respectant les directives officielles.
La chirurgie de la poitrine avec pose de prothèses mammaires a évolué grâce à une réglementation de plus en plus rigoureuse. En 2025, les recommandations de l’ANSM marquent un tournant important en faveur d’une pratique plus transparente, plus suivie, et centrée sur la sécurité des patientes.
Si vous envisagez une augmentation mammaire, assurez-vous que votre chirurgien respecte ces nouvelles normes. Un implant bien choisi, une pose réalisée par un professionnel qualifié et un bon suivi sont les clés d’un résultat satisfaisant et durable.
Auteur/autrice
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Dr Benoit AYESTARAY, chirurgien plasticien diplômé du DESC de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique de la faculté Paris VII. Ancien chef de clinique Assistant des hôpitaux de Paris en chirurgie plastique. Ancien Praticien Hospitalier au CHU Cochin et CHU Bicêtre. Ancien Fellow du service de chirurgie plastique de l'Université de Sao Paulo et de l'Université de Tokyo.